La ville de Véliko Tirnovo a une place spéciale dans le cœur de chaque bulgare. De nos jours encore, elle réussit à sauvegarder et à préserver vivante la mémoire historique de la grandeur de cette capitale du Royaume royaume bulgare. Même après sa conquête par les Ottomans en 1393, Véliko Tirnovo continue à être un haut-lieu de l’esprit, la culture et la résistance contre l’oppresseur étranger. A l’époque de la Renaissance, puis après la libération de la Bulgarie en 1878, Tirnovo est le foyer de nombreux Bulgares qui constituent l’élite intellectuelle et administrative du jeune Etat bulgare, à savoir Stéphane Stambolov, révolutionnaire et premier-ministre, le dramaturge Dobri Voynikov ou encore l’écrivain Luben Karavélov. 

Et comme nous sommes à Véliko Tirnovo, nous avons souhaité attirer votre attention sur 3 édifices qui ont une histoire surprenante, la Maison du ministre de la guerre et régent, le général Nikola Mihov, la « Maison de l’Evêché », appartenant à l’église orthodoxe bulgare et le bâtiment de l’ancienne Cour des Comptes de Véliko Tirnovo, un édifice administratif emblématique et plus qu’important pour le fonctionnement de la ville. De nos jours encore, il arbore fièrement une façade remarquable pour ses éléments décoratifs…C’est aussi le premier bâtiment public doté de sa propre chaudière, chose très importante pour ses 32 salles spacieuses, dotées de fonctions représentatives. Le projet appartient à l’architecte Guéorgui Kozarov et notre guide, Mariana Mélnichka, nous en dit plus :

„ Construit en 1910-1911, le bâtiment fascine par sa façade somptueuse et ses nombreuses colonnes, coiffées d’un fronton richement décoré, sans oublier ses belles fenêtres ornées. Malheureusement, il ne reste plus grand-chose de cette perle de l’architecture, l’édifice ayant été vendu par la municipalité à un propriétaire qui, semble-t-il, n’est pas pressé de le rénover… “

L’ancienne Cour des Comptes se situe dans le prolongement d’un autre édifice emblématique, la « Maison de l’Evêché », connue encore comme la Lanterne :

„Sa toiture représente une verrière octogonale qui permet d’éclairer les pièces et bureaux du dessous. C’est aussi un dispositif d’aération, puisque certaines ouvertures n’ont pas de fenêtres. Un système de climatisation naturelle, meilleur que les climatiseurs de notre temps.“

Les archives de la ville ne nous disent pas à qui a appartenu ce bâtiment avant d’entrer en possession de l’Evêché.

„Et il est souvent arrivé dans le passé que des monuments de l’architecture ne soient pas bien répertoriés, ce qui les voue à l’oubli, au bout de quelques générations“, explique Mariana Melnichka

Et nous voici arrivés devant une des plus belles maisons de Véliko Tirnovo d’après 1944, celle du chef des armées, ministre de la Guerre et régent, après la mort subite du Tsar Boris III en 1943, le général Nikola Mihov, qui a veillé sur cette pièce du patrimoine en bon père de famille. Plus tard, le bâtiment est mis à la disposition d’artistes-peintres qui prennent soin de ce joyau du romantisme national bulgare du début du 20^e siècle.

On y distingue un mélange d’éléments du Moyen-âge et de motifs floraux du style Sécession. Erigé au début du 20^e siècle, peint en couleur ocre, ce bel édifice continue toujours d’apporter du charme à une petite rue au pied du mont Tsarévets, malgré la marque implacable du temps…

Photos: Alexandre Guérov et archives