Au fil des années, le calendrier culturel bulgare s’est enrichi de nouveaux festivals qui transforment des localités connues ou inconnues de notre pays en lieux de prédilection pour se détendre et s’amuser. C’est ainsi que le politologue Evgueniy Daynov voit se transformer son village de Mindya où il a fondé il y a 14 ans un festival de rock.

"Le village voit sa population croître. Une des raisons en est que les gens tombent sous le charme de cet endroit, et comme les villes sont proches, ils achètent des maisons ici et déménagent. Il y a des dizaines de maisons achetées par des gens qui étaient venus pour le festival. Toute une génération avait 5-6 ans quand le festival a débuté et en a 20 maintenant."

En ce sens le "Mindya Rock Fest" a atteint son but de bâtir une communauté dans ce village de la région de Véliko Tarnovo. Les gens du cru aident bénévolement à son organisation. Cette année encore on a pu y entendre du blues, du rock et d’autres genres musicaux pendant que des artisans locaux présentaient leurs œuvres faites main.

"Le rock et la politique ont toujours été liés d’une manière ou d’une autre, parce que la musique reflète tous les grands événements politiques et tendances sociales. Mais la façon dont les gens perçoivent la musique rock a tout de même changé", dit Evgueniy Daynov qui est guitariste dans le groupe "Magisters".

"A l’échelle mondiale le rock n’a plus la même importance dans la vie des gens qu’au début de notre siècle. Les gens ont arrêté d’écouter et de ressentir le rock comme un outil de décodage du monde ou de dépassement de soi. Ils se sont mis à l’écouter comme une musique distrayante et peu après on a assisté à l’apparition du mode de vie mafieux-gangster avec ses formes de communication, la musique tchalga, le pseudo-patriotisme, etc. La perte d’influence du rock’n’roll a créé un vide et a permis aux forces les plus néfastes de reprendre du poil de la bête. Bref, le rock’n’roll a échoué, mais on ne peut pas compter sur un genre de musique pour faire le travail des politiques, des économistes et des autres personnes occupant des postes à responsabilités. Il faut que la société réagisse dans son ensemble, pas seulement nous, les musiciens."

Daynov note que cela fait longtemps qu’il n’a plus besoin d’expliquer en détails aux étrangers les particularités de la conjoncture et de la structure politique et sociale de la Bulgarie.

"Les gens arrivent généralement bien informés, mais il y avait une période aux alentours de 1996, celle du gouvernement socialiste de Jean Vidénov, où je devais constamment convaincre des diplomates occidentaux et dire sur des médias étrangers de ne pas nous laisser tomber. Par la suite les choses ont changé et à présent j’explique que la Bulgarie surprend toujours avec son aptitude d’accomplir plus qu’il ne semble à première vue sur son chemin vers un mode de vie européen. Seulement, lorsqu’elle accomplit plus qu’escompté, elle se met à hésiter, à jeter des regards autour de soi, à tergiverser."

"Les partis continuent de louvoyer et de chercher leurs messages aux électeurs", remarque Daynov, ajoutant qu’il n’a qu’une seule certitude quant à cette campagne électorale :

"GERB et le Mouvement pour les Droits et Libertés attaqueront leurs adversaires et leur feront la morale sur les plateaux de télé. La « Bulgarie démocratique » fera le maximum que lui permettent ses capacités, mais pour ce qui est des autres partis, le mystère reste entier."

Version française : Christo Popov

Photos : Zdravko Petrov, archives personelles