Les participants à la 32e expédition antarctique bulgare sont arrivés sur l’île Livingston. Parmi eux, le docteur en électronique Pétar Sapoundjiev qui est depuis cinq ans ingénieur à la Base antarctique bulgare.
Amateur d’alpinisme, Pétar Sapoundjiev passe beaucoup de temps en montagne. Il se familiarise avec les activités de l’Institut antarctique bulgare pendant qu’il travaille sur un appareil de mesure nécessaire à notre base sur le continent de glace :
Chaque personne qui y va pour la première fois tombe immanquablement sous le charme de la nature unique que chacun vit à sa manière. Au plan professionnel cette possibilité de faire de la recherche en Antarctique est également très excitante. En tant qu’ingénieur de la base je m’occupe du système énergétique, des appareils de précision. J’ai commencé à travailler avec des groupes de scientifiques, des gens qui s’occupent de géophysique, de glaciers, et c’est ainsi que plusieurs idées concrètes ont vu le jour.
Pétar Sapoundjiev parle avec enthousiasme de son travail dans le domaine de l’électronique :
Ce qui m’a inspiré depuis tout petit est l’utilisation de l’électronique pour faire quelque chose de créatif, d’explorateur, comme si on acquérait une nouvelle perception, un sixième sens physique pour en savoir davantage sur le monde qui nous entoure. Je fais des appareils aux fonctions spécifiques qui étudient des paramètres déterminés. Puis nous analysons ces données et elles nous aident à en apprendre plus sur certains processus et phénomènes de notre environnement.
Dans sa mission actuelle en Antarctique Pétar Sapoundjiev travaille sur deux projets. L’un est lié à l’étude de l’énergie solaire sur le territoire de la base. "Cela nous aidera à obtenir une conception plus efficace et une optimisation de notre alimentation solaire pour faire fonctionner les appareils dont nous avons besoin dans nos recherches scientifiques", explique-t-il.
L’objectif est de mesurer les quantités d’énergie solaire touchant une surface donnée et sous divers angles. Les premières données sont attendues dans un an. "Quand on saura combien d’énergie reçoit le système, nous pourrons établir mathématiquement son état et les façons de l’optimiser pour qu’il fonctionne pendant la nuit polaire. Pendant l’hiver en Antarctique il n’y a que 2 à 3 heures de lumière par jour", précise Pétar Sapoundjiev.
Le second projet a trait au mouvement des glaciers, "un écosystème extrêmement délicat" aux dires de l’ingénieur :
Notre base est entourée de glaciers et ces glaciers réagissent à tous les changements qui se produisent, pas seulement aux changements climatiques, mais à de nombreux autres changements dans la nature qui sont liés comme les maillons d’une chaîne. Voilà pourquoi l’étude des glaciers fournit beaucoup d’informations sur des processus à l’échelle locale et globale. Les glaciers sont des structures majestueuses, puissantes et impressionnantes. Ma tâche consiste à créer un système photographique autonome qui puisse filmer de manière fiable des zones déterminées d’un glacier jour après jour, année après année dans les rudes conditions météorologiques de l’Antarctique. Ensuite, en traitant ces cadres et les visionnant en accéléré, nous pourrons voir comment les glaciers se déplacent.
Les informations obtenues permettront de déterminer les vitesses de déplacement, la manière dont les différentes zones se déplacent les unes par rapport aux autres et le relief sous les glaciers.
Pétar Sapoundjiev ajoute que la vitesse de déplacement et la fonte des glaces dévoilent une partie du puzzle des changements climatiques à l’échelle globale : "Les glaciers fondent, c’est une évidence. La question est de savoir dans quelle mesure ceci est causé par l’activité humaine et dans quelle mesure c’est dû au cycle normal de la nature. De gros efforts sont faits pour répondre à ces questions."
Et pendant que les scientifiques œuvrent à composer le tableau global du monde que nous habitons, avec ses nouveaux défis, ses nouvelles menaces, mais aussi les nouveaux espoirs d’un bond en avant dans de nombreux domaines du savoir, la responsabilité de chacun de nous est d’agir en connaissance de cause, parce que même une atteinte minime à la nature se retrouve souvent surmultipliée dans ses conséquences.
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Crédits photos: Marina Vélikova, BTA
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