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L’écrivain Ivan Landjev:

"Si j’écris des textes durs, c’est que j’ai confiance en le potentiel des Bulgares"

Photo: Facebook /Ivan Landzhev

Il y a 116 ans, le 22 septembre 1908, la Bulgarie s’est rangée parmi les pays libres et indépendants de l’Europe à l’époque. Bien que, contrairement à la Réunification, il ne s’agisse que d’un acte politique, la proclamation de l’Indépendance n’en est pas moins un geste important et digne. Cependant, dans notre monde d’aujourd’hui les mots comme "réunification" et "indépendance" semblent moins chargés de sens, étouffés des myriades de sujets banals dans lesquels nous nous trouvons impliqués. Pour cette raison, les jours de fête comme aujourd’hui, il vaut bien nous demander s’ils existent encore des thématiques qui nous aident à nous unir et sortir un moment du quotidien dans lequel nous sommes immergés.  

"Malheureusement, la société s’approprie de moins en moins de sujets qui pourraient nous souder", a déclaré dans une interview accordée à Radio Bulgarie le poète et écrivain Ivan Landjev. "Des choses qui jusqu’à très récemment n’étaient pas mises en cause engendrent des disputes et sèment la discorde. Il s’agit d’une évidence, je ne vous apprends rien," a-t-il ajouté. "Les querelles qui remplissent notre quotidien sont si nombreuses que nous nous déchirons au sujet des fêtes séculaires et religieuses, des fêtes qui sont patriotiques, des fêtes qui ne le sont pas, etc. Nous avons donc un besoin pressant de quelques sujets sur lesquels nous sommes unanimes. Il est pourtant toujours plus difficile de les trouver."


Landjev avoue qu’il ne voit pas de tels thèmes. Pour cette raison, il est à la recherche de ses propres îlots pour s’y réfugier un instant et fuir les tensions sociales.

"Ces oasis ont toujours été associées pour moi à l’art et non seulement la littérature mais aussi la musique, les beaux-arts, même le sport. Il y a ici d’un côté une fuite dans l’esthétique et de l’autre, l’inspiration des grands acquis humains. Néanmoins je ne peux pas donner la recette d’une évasion pour toute la société. L’indépendance est en effet un sujet délicat car ce sont les critiques les plus féroces d’après qui la Bulgarie ne serait pas indépendante, qui sont liées par de fortes dépendances politiques. Il faut savoir distinguer entre l’indépendance dans un sens abstrait et les interdépendances au titre des traités dont la Bulgarie est signataire. Pendant leurs discours publics, les politiques évoquent tout le temps la Renaissance bulgare et les héros nationaux qui ont évolué pourtant dans un milieu très différent quant il n’y avait pas d’Etat bulgare indépendant. Aujourd’hui, la Bulgarie a besoin de normalité, d’entente entre les gens et la poursuite de ce choix qui a déjà été fait et les valeurs qui en découlent. Nous avons besoin de normalité et non pas d’héroïsme et pathos révolutionnaire."


Landjev est l’auteur d’un recueil d’essais, récits et fragments publié pendant son séjour aux Etats-Unis en tant que boursier Fulbright. Il avoue que cela lui a pris pas mal de temps de décider lesquels d’entre ses textes méritent d’être inclus sur ses pages. Il a beaucoup hésité notamment sur l’essai "Selfie bulgare" qui a par la suite gagné en notoriété.


"Il s’agit d’un texte patriotique ou domine l’amour de la patrie. Bien évidemment, quand on aime sa patrie ou sa famille, on en exige le mieux et l’on peut se permettre de leur parler de manière directe. Si j’écris des textes publics durs, c’est que j’aime la Bulgarie et j’ai confiance en le potentiel des Bulgares."

Version française : Maria Stoéva

Photos : Facebook /Ivan Landzhev, BTA




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